Le modèle de concertation sociale belge permet de conserver un équilibre entre les intérêts du monde du travail et celui des patrons. Mais l’extrême droite souhaite rompre cet équilibre et donner plus de pouvoir au patronat, et faire plus de cadeaux aux entreprises.
Lorsque les travailleuses et les travailleurs obtiennent des avancées dans leur entreprise, c’est bien souvent parce qu’avec leurs collègues, ils et elles ont su taper du poing sur la table collectivement et au bon moment. L’extrême droite, elle, préfère que chaque travailleur résolve seul les problèmes qu’il ou elle rencontre sur son lieu de travail, sans être soutenu par un délégué ou par un syndicat bien organisé. C’est pourquoi les partis d’extrême droite sont opposés à la concertation sociale et à l’action collective pour de meilleurs salaires.
Les Belges le savent : « L’union fait la force ». Lorsque vous devez discuter avec votre patron pour réduire votre temps de travail ou pour obtenir un salaire plus élevé ou d’autres avantages, si vous êtes seul, vous êtes évidemment dans un rapport de force défavorable. Malgré cette évidence, la position de l’extrême droite est claire : résolvez-les seul, sans syndicat ! Les Partis d’extrême droite défendent donc une position structurellement favorable aux employeurs et aux puissants.
La loi du plus fort
En effet, l’extrême droite décrit la relation entre les travailleurs et les entreprises comme un rapport d’égal à égal. Or cela ne correspond tout simplement pas à la réalité : par nature, les employeurs et les travailleurs ont non seulement des intérêts divergents mais aussi des positions de force inégales. Le modèle social belge, lui, tient compte de cette réalité et a donc développé un droit du travail qui protège la partie la plus faible : le monde du travail. Pour l’extrême droite, ce principe doit disparaître. Autrement dit: les travailleurs et travailleuses doivent se plier gentiment aux décisions qui sont prises sans les concerter et laisser les employeurs tranquilles.
Inégalité
Un autre exemple qui démontre que l’extrême droite se concentre sur les intérêts des employeurs et des nantis, c’est sa position sur l’Europe, qu’elle souhaite limiter à un marché commun, avec comme seul point central l’économie et sans aucun accord sur les droits sociaux. Un grand marché libéralisé, peu régulé et avec des multinationales surpuissantes : ce n’est évidemment pas de cette façon que vous créez un climat favorable aux travailleuses et aux travailleurs. Au contraire, ceci ne peut qu’avantager l’exploitation et le dumping social.
Ainsi, lorsqu’en 2022, une directive a été soumise au Parlement européen pour encourager tous les Etats membres à adopter un salaire minimum décent, le Vlaams Belang et les autres élus d’extrême droite – comme par exemple ceux du Rassemblement National en France – ont tout simplement voté contre ! Tout comme en 2020 ils avaient voté contre les mesures européennes qui visaient à introduire une fiscalité juste et à lutter contre l’évasion fiscale par les grandes entreprises et les très riches. Comble de l’indécence, ils vont même jusqu’à refuser l’idée d’établir une liste noire des paradis fiscaux européens ou la tenue d’un cadastre des fortunes qui permettrait de vérifier si des impôts ont été payés par les multinationales. Non seulement ils ne veulent pas d’un impôt sur la fortune, mais en plus ils refusent qu’on vérifie simplement si les fortunés payent bien le peu d’impôt qu’ils doivent payer.
Des négociations salariales libres ?
Alors que depuis plus de 40 ans, la productivité des travailleuses et des travailleurs a bondi, ceux-ci obtiennent une part de plus en plus réduite de la croissance économique, tandis que les actionnaires, eux, s’en mettent de plus en plus dans les poches. Pourtant, chez nous, l’extrême droite est pour un nouvelle diminution de l’impôt des sociétés de 25% à 20%, sans obligation d’embauche compensatoire ou d’augmentation des salaires, ce qui profite donc uniquement aux actionnaires et aux patrons.
Enfin, en 2017, l’extrême droite a soutenu le renforcement de la loi sur la norme salariale au Parlement fédéral, avec les partis conservateurs du gouvernement Michel. En effet, ils ont donc voté pour une loi qui a gelé les salaires, ce qui était conforme à la politique du gouvernement des droites MR- NVA. Et quand ce même gouvernement a relevé l’âge de la pension à 67 ans, alors que cela ne figurait dans aucun programme électoral des partis qui formaient le gouvernement, pas moins de deux tiers des élus d’extrême droite n’étaient même pas présents le jour du vote au Parlement pour s’y opposer.