La sécurité sociale, notre trésor commun ! Mais en raison des milliards qu’un prochain gouvernement devra économiser, les regards des partis libéraux et de droite se tournent déjà vers notre sécurité sociale. Si nous les laissons faire, nous allons crouler sous les mesures d’austérité. À éviter.
Grâce à la sécurité sociale, des millions de citoyen.nes, de travailleurs et travailleuses et leurs familles sont préservés face à la maladie, une perte d’emploi, un coup dur de la vie ou des circonstances économiques moins favorables. La sécurité sociale est un pilier de notre démocratie, c’est un système solide et il doit le rester.
Le prochain gouvernement sera amené à trouver des moyens financiers pour répondre au x mesures budgétaires imposées par l’Europe. Pour les organisations patronales et la droite, cette tâche implique automatiquement des coupes dans les dépenses sociales. Ces « dépenses », c’est la solidarité organisée au sein de la sécurité sociale. Elle permet aux citoyen.nes d’accéder à des soins médicaux de qualité sans en payer la totalité des coûts. Investir dans la sécurité sociale, c’est donc investir dans la qualité de vie de la population toute entière.
Une solidarité ancrée dans notre système
En cette année 2024, les préoccupations liées au déficit budgétaire et aux mesures d’austérité attendues sont énormes. Garantir la soutenabilité financière de notre sécurité sociale devrait être une priorité absolue, car c’est une pierre angulaire de notre société.
La majeure partie du budget de la sécu part dans l’assurance-maladie. Une part importante revient ensuite aux pensions, qui sont pourtant assez basses en Belgique. Ensuite, viennent les allocations de chômage, les assurances accident du travail et le pécule de vacances. Faut-il sabrer dans ces services essentiels ? Sûrement pas !
Nous avons construit un système qui reflète notre société, dans laquelle chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Pour le dire autrement: les citoyen.nes en bonne santé aident les malades, les hauts revenus contribuent plus que les bas revenus, les actifs soutiennent les personnes au chômage et la population active actuelle assure les pensions de celles et ceux qui ont contribué toute leur vie.
Que faut-il faire alors ?
Plusieurs mesures permettent de garantir ce financement de notre sécurité sociale.
- Il est essentiel de remettre en question les réductions de cotisations des employeurs – et éventuellement de les supprimer – surtout quand on sait qu’il n’y a aucune preuve probante que ces réductions contribuent effectivement à la création de nouveaux emplois.
- Prévoir l’introduction d’une dotation publique spécifique pour aider à couvrir le coût du vieillissement (« dotation vieillissement ») en matières de pensions et d’assurance maladie.
- Une autre piste envisageable selon nous est celle une cotisation sociale généralisée sur toutes les formes de revenus, ce qui peut contribuer à un système de sécurité sociale plus juste et plus robuste.
- Enfin, le travail étudiant, les flexi-jobs, les petits boulots pour obtenir un revenu complémentaire… sont autant de nouveaux statuts qui échappent aux cotisations sociales ordinaires au détriment des recettes de la sécurité sociale. Les travailleurs occupés dans ces statuts quant à eux, ne se constituent pas autant de droits de sécurité sociale et ils sont moins protégés dans le droit du travail. Au final, ces travailleurs sont lésés tandis que les employeurs qui les occupent, se frottent les mains ! Il faut mettre fin à la concurrence entre les travailleuses et travailleurs en termes de cotisations sociales et fiscales.
Où aller chercher l’argent?
- Ces dernières années, les cadeaux aux entreprises ont augmenté de manière vertigineuse. Le tax-shift du Gouvernement Michel a creusé les caisses de la sécu à coups de milliards d’euros et nous devons encore en assumer les conséquences aujourd’hui. Les subsides aux entreprises ont pour but de réduire les « coûts salariaux ». Et ce, dans différents cas de figure : le travail de nuit, le travail en équipes, ou encore les heures supplémentaires et la R&D. Ces aides d’Etat pour les patrons ont atteint plus de 11 milliards d’euros en 2020. En Belgique, ils constituent la plus grande aide économique, alors que dans les pays voisins, ils sont quasiment inexistants, ce qui donne une image faussée de la différence de coûts salariaux entre notre pays et celle des pays voisins. Voilà un poste budgétaire à revoir et à corriger en fonction des réels besoins des entreprises.
- Une deuxième source de recettes potentielle proviendrait d’un cadastre des fortunes, lié à un impôt sur la fortune. Il est temps de parvenir à un système où chacun contribuerait en fonction de ses capacités financières. Alors que nous disposons déjà de nombreuses informations sur les avoirs financiers et la propriété, en Belgique, il n’y a toujours aucune taxation spécifique des grosses fortunes, en raison de l’opposition d’éminentes figures politiques conservatrices.
Une taxation juste nécessite d’avoir une idée claire de qui possède quoi, et à cet égard, un cadastre de la fortune serait le premier pas vers une réforme fiscale qui taxe de manière juste les grosses fortunes.
Conclusion : il faut une contribution juste en fonction des moyens de chacun, un système dans lequel les épaules les plus larges portent les charges les plus lourdes. C’est ce vers quoi nous devons évoluer et c’est ce qui permettra d’obtenir un financement pérenne de notre sécurité sociale.