De l’argent, dans notre pays, il y en a. Nul besoin d’aller le chercher chez les travailleurs et travailleuses, ou en coupant dans la sécurité sociale. Il est grand temps que les épaules les plus larges portent les fardeaux les plus lourds.
« Et qui va payer la facture? » Cette question est souvent posée – avec un brin de cynisme – en particulier par la droite politique lorsque des besoins ou initiatives sociales sont évoqués. Qu’il s’agisse d’investissements dans les transports publics, d’augmentation des salaires minimums, ou encore de pensions équitables, il persiste le mythe selon lequel « les ressources manquent ». Nous devrions économiser (ou « couper ») pour prospérer, « vivre selon nos moyens ». Et ce serait la seule façon de « redresser notre budget ».
Et si les revenus étaient répartis équitablement?
Ce type de raisonnement ne tient absolument pas compte de la revendication d’une répartition équitable des revenus et des richesses. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une révision en profondeur de notre politique fiscale. Imaginons en effet un système fiscal qui impose équitablement tous les revenus… Où tous les euros seraient égaux, qu’ils proviennent du travail, des intérêts ou des loyers… Un système où les revenus du capital et du patrimoine ne seraient plus privilégiés sur ceux du travail… Un système où les grandes fortunes et les entreprises bénéficiaires seraient encouragées à contribuer à l’économie plutôt qu’à s’y soustraire.
Nos revendications
- La FGTB revendique que les grandes fortunes contribuent en fonction de leur capacité à payer. Comment ? à travers un impôt annuel progressif sur la fortune. Avec un taux allant de 0,5% à 2% sur les patrimoines supérieurs à 1 million d’euros, à l’exclusion des logements principaux, occupés par leur propriétaire. Pour cela, un registre du patrimoine est indispensable. Il nous permettra d’avoir une vision claire de la localisation de la richesse.
- En ce qui concerne l’impôt sur les sociétés, l’essentiel est de faire en sorte que chaque entreprise contribue à sa juste part. Un taux d’imposition minimum effectif de 25 % sur les bénéfices devrait être la norme, avec un taux majoré de 35% sur ce que nous appelons les « bénéfices excédentaires », soit ceux qui sont nettement plus élevés que la moyenne du marché.
- Quant à l’impôt sur le revenu des personnes physiques, il devrait devenir encore plus progressif. La charge la plus lourde devrait être transférée à celles et ceux qui peuvent contribuer le plus. Cela pourrait se faire en réintroduisant des tranches d’imposition de 52,5% et 55% pour les revenus les plus élevés.
Il faut cesser la mise en concurrence de travailleurs et travailleuses sur la base des cotisations sociales et fiscales, comme on le voit dans le cas des emplois flexibles. Cela crée des conditions inéquitables et sape la solidarité au cœur du marché du travail.
Enfin, il est essentiel de globaliser les revenus pour calculer l’impôt. En mettant en commun toutes les sources de revenus, l’on s’assure que les impôts sont calculés de manière plus équitable, sans échappatoire ni inégalité de traitement.
Cela signifie que chaque euro compte. Que chaque euro, quelle que soit son origine, contribue équitablement au bien-être et au développement de notre société. Une société juste, où chacun fait sa part.