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Les politiques d’austérité à courte vue, ça ne marche pas !

Si nous donnons carte blanche à l’Europe, le prochain gouvernement fédéral sera confronté à une mission d’austérité impossible ! Alors qu’il devrait plutôt renforcer les politiques sociales, il sera obligé à des saignées dans les services publics, les droits sociaux et les soins de santé. Ce qui mettra inévitablement en péril le développement socio-économique.

Le Parlement européen a voté le mandat sur la base duquel il entamera des pourparlers avec la Commission et les gouvernements européens à propos de nouvelles règles budgétaires européennes. Ces règles délimitent la marge de manœuvre financière des États membres. Qu’est-ce qui est sur la table pour la Belgique ? Un effort budgétaire qui pourrait passer de 7 milliards d’euros en 2025 à… 30 milliards d’euros en 2029 ! C’est le montant qu’un prochain gouvernement devrait alors économiser. Autrement-dit, une sérieuse épée de Damoclès au-dessus de nos têtes…

Les propositions mises sur la table par l’Europe exigent qu’un pays comme le nôtre accélère la réduction de sa dette publique et ramène son déficit budgétaire sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) en quatre ans. En plus de constituer des réserves budgétaires !

Cimetière social

Selon le Bureau du Plan et l’Institut Brueghel, cela signifierait un effort budgétaire annuel supplémentaire d’au moins 1 % du PIB, cumulé sur une période de quatre ans. Soit plus de 4 % du PIB d’ici à 2029. Avec un PIB de plus de 600 milliards d’euros, l’effort se situe donc entre 25 et 30 milliards d’euros.

Pour bien comprendre : le budget du gouvernement fédéral s’élève à environ 280 milliards d’euros. La moitié de ce montant revient à la sécurité sociale. Si la Belgique ne respecte pas ce plan d’assainissement strict, de lourdes amendes suivront.

Examinons nos dépenses sociales : 70 milliards par an pour les pensions ou 15 milliards pour les indemnités maladie et invalidité. L’Europe va-t-elle organiser un cimetière social ? Aspire-t-on à un modèle de société où les comptes sont peut-être bons, mais où une population vit dans l’insécurité et la pauvreté ?

L’Europe est à la croisée des chemins : le nouveau cadre budgétaire en cours de négociation présente des similitudes inquiétantes avec les politiques budgétaires strictes qui ont suivi la crise financière de 2008-2009. À l’époque, ce fétichisme budgétaire avait conduit à une deuxième récession, avec toutes les conséquences sociales que nous connaissons.

La même erreur risque de se répéter, avec des conséquences potentiellement néfastes pour notre développement économique, la lutte contre le réchauffement climatique ou les services publics. Ces nouvelles règles pèsent lourdement sur des pays très endettés comme l’Italie… ou la Belgique. Nous serons donc touchés de manière disproportionnée.

Outre nos dépenses actuelles, nous sommes en effet confrontés à d’autres défis majeurs : dans les années à venir, des sommes importantes seront nécessaires pour mettre en œuvre des politiques climatiques fortes. Sans cela, ces investissements seront retardés, ce que nous ne pouvons pas nous permettre. L’UE s’est fixé des objectifs sociaux, qui nécessitent également de l’argent. Mais ces objectifs sont totalement irréalisables si l’on n’y consacre pas les dépenses nécessaires. Par-dessus tout, des investissements sont indispensables pour rendre notre économie plus productive. Pour ce faire, il faut investir massivement dans le personnel et les infrastructures. Ces investissements sont aujourd’hui menacés.

Obéir au carcan budgétaire ou investir, c’est un choix. Il y a 15 ans, nous avons procédé à des coupes budgétaires pour préserver la solidité de l’euro. Et l’euro est bel et bien resté à flot, uniquement parce que Mario Draghi, patron de la BCE à l’époque, a affirmé que la banque centrale ferait tout pour sauver l’euro.

Plus fort

Il semble que le Parlement européen ne prenne pas la mesure de la gravité de la situation actuelle. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’un changement de cap. Les efforts budgétaires doivent être étalés sur une plus longue période et tenir compte de la conjoncture économique, de manière à éviter l’austérité en période de difficultés économiques. 

Il est en outre crucial de continuer à investir dans les objectifs communs de l’UE, tels que l’action climatique et les objectifs sociaux. Il conviendrait également de procéder d’abord à une analyse approfondie des effets potentiels de ces règles budgétaires avant de les approuver définitivement. Notre beau continent a besoin d’une politique qui trouve un juste milieu entre maintenir un équilibre financier et investir dans notre avenir et notre bien-être social.

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