Si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de climat, il est essentiel de disposer d’un réseau de transport public large et fiable.
C’est le rituel matinal de nombreux et nombreuses Belges : on attend le bus ou le train qui est… en retard, voire annulé. Wagons en moins, pas de places assises… Les usagers finissent par en rire, plutôt que d’en pleurer. Pourtant, si l’on s’intéresse aux investissements dans les transports publics, il y aurait bien de quoi verser une larme.
Quelques exemples? Réduction de personnel et suppression de postes d’agents de la SNCB laissent les voyageurs livrés à eux-mêmes. Des machines remplacent les guichets, et le service en pâtit. Mais encore? Le manque de ponctualité génère du mécontentement, et les agressions ne sont pas rares envers le personnel des transports publics!
Conséquence: 64.6 % des déplacements domicile-travail en Belgique sont effectués en solo en voiture. En Wallonie, où l’accessibilité aux transports en commun reste plus limitée, la part modale de la voiture gagne même du terrain, passant de 83.3 % en 2017 à 84.7 % en 2021.
L’exemple de De Lijn
En Flandre, l’on mène depuis de nombreuses années une politique de détricotage flagrant. L’individuel est placé au centre, au détriment du collectif. Autrement dit : si vous pouvez vous acheter une voiture électrique d’une valeur de plusieurs dizaines de milliers d’euros, vous êtes parmi les chanceux à la loterie du gouvernement flamand. Mais ce n’est pas la réalité de la majorité de la population, loin de là.
La façon dont l’entreprise flamande de transports publics De Lijn est gérée par le gouvernement flamand en dit long. Un exemple : l’on a déployé un nouveau système dépendant de la demande avec un budget réduit. Ce qui a entraîné la suppression d’un grand nombre de trajets et d’arrêts. On parle désormais d’arrêts flexibles (lesdits « flexstops »). Résultat ? Les plaintes s’accumulent. Il semblerait que cette nouvelle approche ne soit accueillie favorablement que par les personnes qui ne prennent jamais le bus.
Malgré les appels de De Lijn à davantage de moyens pour des services publics de qualité, le gouvernement flamand continue de rejeter l’idée d’un prestataire de services publics efficace. Alors que certains politiciens semblent ouverts à l’idée d’un meilleur financement, la porte est rapidement fermée par d’autres, en particulier par la N-VA.
Un gouvernement qui n’investit pas dans les transports publics rend les objectifs climatiques plus difficiles à atteindre. Il faut espérer que la situation s’améliore et que les gouvernements suivants fournissent des moyens supplémentaires. Le personnel et les dizaines de milliers de voyageurs qui dépendent des transports publics pour se rendre au travail méritent mieux.
Affamer la bête
Le principe dit d' »affamer la bête » est appliqué depuis des années : videz les caisses et les bus tomberont en ruines. Parallèlement, le personnel est épuisé par l’augmentation de la charge de travail et le mécontentement ambiant.
Nous avons besoin d’un système de transports publics parfaitement coordonnés, avec des travailleurs et travailleuses en sécurité et à l’aise sur leurs lieux de travail. Nous avons également besoin de système de voitures et de vélos partagés, d’un covoiturage encouragé et amélioré. Certainement pas d’une vision comptable à court terme.
Nous attendons une vision globale des transports publics. Moins d’embouteillages, un air plus pur et moins de stress. En bref, une vraie alternative à la voiture. Cela nous sera bénéfique en tant que travailleurs, citoyens et société. Après des années d’économies, il est grand temps d’investir.